Quatrième de couverture : Yoru
Morino est une élève un peu à part, les cheveux longs noir ébène, qui ne parle à personne dans sa classe. Fascinée par la mort et plus particulièrement par les tueurs en série, elle vit sa
passion sans se faire remarquer, assumant parfaitement une solitude qu’elle apprécie. Un jour néanmoins, elle adresse la parole à Itsuki Kamiyama, un garçon populaire de son école. Elle découvre
alors qu’elle a en commun avec l’adolescent un amour pour le morbide et se rapproche peu à peu de lui.
Avis : Avant toute chose, ce manga est tiré de nouvelles écrites par Otsuichi et a été illustré par Ôiwa Kendi. C’est donc avant tout un livre dont le manga est une adaptation. Le manga est divisé en 5 parties, comme le nombre de nouvelles contenues dans le livre. Les histoires courtes s’enchainent bien, sans laisser de temps mort et sans perdre un temps inutile en palabre.
Je vais être claire : je n’aime pas les one-shots en manga. Je trouve souvent les histoires bâclées, trop complexes avec trop peu d’informations pour tout comprendre, place limitée oblige, ou elles sont trop simplistes, place limitée oblige, ou pire, elles sont inachevées et n’auront jamais de suite. La qualité est rarement au rendez-vous (Attention, cette opinion n’engage que moi). Cependant, il faut bien des exceptions de temps en temps et « Goth » en fait partie.
L’histoire ici est entièrement portée par les deux héros : Morino et Kamiyama. Il y a d’ailleurs très peu de personnages secondaires, l’action était entièrement focalisée sur les deux jeunes gens. Il y a quelque chose de fascinant et de dérangeant dans ce duo. On ne peut s’empêcher d’être admiratif de Kamiyama alors que l’on sait pertinemment qu’il est tout aussi pervers que les désaxés qui évoluent dans ce tome. Il est d’ailleurs tout aussi fascinant de voir à quel point Kamiyama est lucide sur sa condition et sur son état d’esprit, mais aussi de voir Morino à ce point fascinée par Kamiyama, alors qu’elle doit bien se douter qu’il n’est pas normal, comme un papillon de nuit attiré par une ampoule allumée et qui finit par se brûler les ailes…
« Moi aussi, je, je veux une main… Celle de Morino » (Kamiyama)
La relation entre les deux est ambigüe et fait la force de cette histoire. On sait que Kamiyama aimerait Morino morte et on sait qu’il aimerait être son bourreau. Morino le sait-elle ? Je suis sûre qu’elle doute, qu’elle a deviné ce que Kamiyama est, un tueur en sommeil. Mais pourtant, elle reste prêt de lui, à partager ainsi leur passion morbide, alors que Kamiyama fantasme sur sa mort ? Parce que dans tout le livre, il apparait comme le prince sur son cheval blanc, sauvant Morino des mains des pires désaxés. Morino est ainsi la victime de tous les bourreaux de ce livre, mais surtout c’est la victime de Kamiyama, et celui-ci ne supporte pas que l’on marche sur ses plates-bandes. Et il la protégera, même si cela implique de devoir dévoiler le sombre secret du passé de Morino. Secret, qui finira par encore plus les rapprocher.
« Tu veux à nouveau mourir. Tu peux compter… Sur moi pour te tuer. » (Kamiyama à Morino)
J’arrête là de parler de la relation Morino / Kamiyama car je pourrais en parler des heures, étant donné que c’est la chose qui m’a le plus marqué dans le livre. Les différentes nouvelles sont courtes, mais toujours menées à terme, avec un dénouement, ce qui est appréciable.
L’histoire est bien mise en scène par un dessin net et agréable à regarder, bien que ce ne soit pas le plus beau. La sobriété des dessins rend d’ailleurs d’autant plus horrible les scènes où l’on voit des cadavres. Je trouve de plus que les expressions faciales des personnages sont bien rendues et ajoute encore plus de profondeur à la relation entre les deux héros.
(Kamiyama & Morino)
Ce n’est pas un manga à mettre entre toutes les mains par contre. Il faut apprécier l’ambiance étrange et morbide qui se dégage. La relation entre les héros n’est pas saine et cela transpire dans tout le livre. J’ai, personnellement, été fasciné par cela (comme vous avez pu le constater). Je trouve d’ailleurs que c’est le point fort du livre. La relation est admirablement mise en scène et mise en avant par le dessin sobre. Les expressions des personnages sont fantastiques (le personnage de Kamiyama bénéficie grandement du dessin, renforçant son charisme et le côté inquiétant du personnage).
Par contre, malgré le fait que j’ai vraiment aimé ce manga, j’ai tout de même un reproche à faire. C’est un one-shot et, malgré la conclusion, qui est d’un certain point de vue satisfaisante, j’ai quand même un goût d’inachevé dans la bouche. Je vous rassure, l’histoire a une fin, qui satisfera sans doute de nombreuses personnes, mais elle ne me satisfait pas. Sans doute parce que j’ai développé une certaine fascination sur cette relation, j’aurais aimé voir une fin plus flamboyante.