La Fée lit, regarde, joue et commente le tout.
/!\ Avertissement : Il s'agit du cinquième et dernier tome de la série des Fever. Il va y avoir des spoilers dans mon avis, notamment sur les précédents tomes, mais aussi sur certains moments clés de l'intrigue de ce dernier tome. Ne lisez pas si vous ne souhaitez rien savoir. /!\
Quatrième de couverture : "Evil is a completely
different creature, Mac. Evil is bad that believes it's good."
MacKayla était juste une enfant quand elle et sa soeur, Alina, ont été donné à l'adoption et bannies pour toujours d'Irlande.
Vingt ans plus tard, Alina est morte et Mac est retournée dans le pays qui les avaient expulsées pour chasser le meurtier de sa soeur. Mais, après avoir découvert qu'elle était la descendante d'une lignée à la fois bénie et maudite, Mac est plongée dans une histoire secrète : un ancien conflit entre les humains et les immortels qui ont vécu dissimulés parmi nous pendant des milliers d'années.
Ce qui s'ensuit est une chaine d'évènements avec des conséquences dévastatrices, mais maintenant, Mac se débat pour aller de l'avant malgré son deuil pendant qu'elle continue sa mission pour acquérir et contrôler le Sinsar Dubh - un livre contenant une magie sombre et interdite consignée par le mythique roi Unseelie, contenant le pouvoir de créer et détruire des mondes.
Dans une bataille épique entre les humains et les Faes, le chasseur devient la proie quand le Sinsar Dubh se tourne vers Mac et commence à tracer un chemin mortel parmi ceux qu'elle aime.
Vers qui peut-elle se tourner ? A qui peut-elle faire confiance ? Qui est cette femme hantant ses rêves? Et plus important, qui est Mac et quelle est la destinée qu'elle a entrevu dans les dessins noirs et cramoisis d'une ancienne carte de tarot?
Du luxe du penthouse du Lord Master aux bas-fonds sordides d'un nightclub Unseelie, de la couche érotique de son amant au terrifiant lit du roi Unseelie, le voyage de Mac va la forcer à faire face à la vérité de son exil et à faire un choix qui va ou sauver le monde... ou le détruire.
(Traduction du quatrième de couverture par mes soins)
Avis : J'ai totalement accroché à cette série depuis le premier tome. J'y ai retrouvé beaucoup d'ingrédients qui me plaisent et plus encore. Une héroïne avec son caractère, ses forces et ses faiblesses. Une bonne dose d'humour. Des personnages mystérieux et charismatiques. Une intrigue qui nous surprend toujours.
Et pour nous surprendre, Karen Marie Moning nous a surpris tout au long de la série. Avec ce premier choc qu'est la fin du troisième tome, avec le monde qui s'écroule, les barrières entre le monde des Fae et celui des humains qui se sont effrondrées, Dublin qui se transforme en champs de bataille et Mac, abandonnée à la merci des Princes Unseelies. Quelle n'avait pas été ma stupeur en lisant ces dernières lignes et en refermant le livre. Quelle n'avait pas été mon impatience de lire la suite (qui n'était pas encore sortie à ce moment). Et surtout, à ce moment là, Karen Marie Moning avait gagné mon respect en tant que conteuse d'histoires. Respect qui n'a fait qu'augmenter à la fin du tome quatre où elle nous prend de nouveau de court avec une fin magistrale (et stressante pour nous lecteurs !) en mettant en scène la mort d'un personnage que l'on imaginait ne jamais voir mourrir : le mystérieux Jéricho Barrons. C'est dès les premières lignes de ce cinquième tome que nous découvrons l'identité de cette créature, morte aux mains de Mac et le choc est rude. Et je dis : Bravo Karen ! Bravo d'avoir réussi à induire autant d'émotions dans ma lecture.
En effet, elle n'hésite pas à prendre des risques en mettant vraiment en danger ses personnages. Et elle continue à le faire dans son dernier tome, bien plus épais que les précédents, mais qui conclut de manière complète et cohérente les aventures de MacKayla Lane.
Le quatrième tome nous avait laissé au supplice avec cette interrogation : Mais qui était cette bête ? Nous avons la réponse dès les premières lignes et JAMAIS je n'aurais pu deviner que ça allait être Barrons. Bien joué Karen. Et voir Mac perdre totalement pieds après sa mort est juste excellent. Barrons qui était son roc, son pilier dans ce monde, son guide, mort par ses mains. Je suis peut-être sadique, mais j'ai beaucoup apprécié ce moment et surtout de voir le cheminement de pensée de Mac jusqu'à sa décision de tout faire pour obtenir le Sinsar Dubh, quitte à pactiser avec l'ennemi, le Lord Master. Les faces à faces entre les deux sont de très bons moments, d'autant plus que Karen Moning rend très bien la tension et la suspiçion qui animent les rapports entre les deux. C'est très agréable de voir une MacKayla plus "pratical" et prête à tout pour atteindre son objectif, même à utiliser son ennemi pour ensuite mieux le trahir. On n'a plus en face de nous la Mac rose bonbon des premiers tomes (même si de temps en temps, on l'entreaperçoit).
Et c'est quand on pense que tout va bien se dérouler pour Mac, que l'on commence à spéculer et entrevoir ce qui risque de se passer que de nouveau tout s'écroule. Je n'avais absolument pas vu venir l'assassinat du Lord Master. Mais vraiment, vraiment pas. Ca a été un choc, je commençais presque à le trouver attachant (et j'étais persuadée de son innocence dans le meurtre d'Alina : ça aurait été trop simple si cela avait été lui !) et BAM ! T'es mort ! J'ai dû faire une tête dans ce genre en lisant ce passage => O_O. Voilà, c'est ça que je veux dans une intrigue, de la surprise ! Que mes certitudes volent en éclat !
Je ne vais pas passer au crible tout le livre, parce que vous risquez de me maudire, mais l'intrigue est vraiment excellente. Quand on entre dans le livre, on ne peut plus le lâcher. Karen a en plus le chic de nous faire nous méfier de tout le monde, même si j'ai vite écarté Barrons de ma liste de "bad guy" en planque. Il est mystérieux et compliqué certes, mais on se rend vite compte qu'il est fait pour finir avec Mac et qu'il y a peu de risque qu'il cache un roi Unseelie sous ses jupes (J'ai vite écarté cette hypothèse). Pour Mac par contre, on se fait bien balader par l'auteur pour savoir qui elle est. C'est d'ailleurs beau de voir à quel point l'auteur joue avec nous et nous manipule, nous laissant nous poser des interrogations, pour ensuite faire voler nous certitudes en éclat et brouillant le plus possible les cartes. Par contre, Karen, bien joué, mais j'ai toujours senti qu'il y avait un truc louche avec V'lane...
Ah V'lane ! Ca a toujours été mon préféré, mon personnage favori. Moi qui ait toujours un gros faible pour les bad guy, j'avais bien senti qu'il y avait quelque chose en plus... Pourtant, l'auteur s'acharne à nous le présenter comme le plus inoffensif possible. Mais on ne trompe pas une Fée ainsi ! (hinhinhin, mon radar à bad guy est trop puissant ! :D). Ceci dit, c'est agréable de voir que son passé et son attitude sont bien cohérents. Elle ne l'a pas sorti de son chapeau de manière incohérente du genre "Mais en fait je suis méchaaaaant!". il faut dire que j'avais des doutes depuis un moment sur ce personnage, depuis que Mac avait parlé de la présence de quatre princes Unseelie durant son viol au lieu de trois. Par contre, de là à deviner sa véritable identité... Bref, je suis ravie du développement que Karen a donné à ce personnage.
Pour revenir sur Barrons, j'ai un peu eû envie de lui coller des claques. Oui, oui. Il faut dire que j'ai eu du mal avec la manière dont il a reproché à Mac de l'avoir "oublié". Je trouve qu'il a manqué d'empathie sur le sujet et je le trouve assez méchant (à défaut d'un autre mot). Mac ne pouvait pas savoir qu'il était immortel hein ! Enfin, on va mettre cela sur le compte de son caractère passionné. J'ai moyennement apprécié aussi que Mac se prenne des réflexions désagréables de la part des "comparses" de Barrons suite à ses mésaventures avec le Lord Master. Mon côté féministe qui se révolte contre ces machos débiles de mec sans doute... :D Je noterais juste par contre que la tension sexuelle entre Barrons et Mac est juste particulièrement bien décrite et vraiment palpable dans le livre. On est presque soulagé quand ils passent à l'acte, ce n'était plus tenable vraiment ! (Une fois de plus, bravo à l'auteur d'avoir réussi à faire ressortir une telle tension sans nous décrire toutes les positions du kama sutra dans les moindres détails !)
Nous apprenons aussi enfin le véritable meurtrier d'Alina et je pense que je ne suis pas la seule à avoir été totalement surprise et ébahie de l'identité de celui-ci. Rowena, tu étais un personnage que je détestais, mais tu étais encore plus détestable que je le pensais !
Je vais arrêter ici, vous avez compris, cette fin me satisfait pleinement. Le roi Unseelie et la Concubine (brillant aussi ! D'ailleurs les dialogues entre Mac et le Roi sont savoureux :)), V'lane et sa véritable identité, la nature de Mac (qui, au final, reste bien mystérieuse...), Barrons et pourquoi il veut le Sinsar Dubh, le meurtrier d'Alina... L'auteur se laisse même quelques portes d'ouvertes, pour une suite ou peut-être une histoire portant sur d'autres personnages entraperçus dans ce livre.Il y a bien sûr un happy end pour Mac, mais pas pour l'univers en lui-même. Les barrières ne sont pas restaurées, le monde reste dévasté comme il est. Et ça me plait de voir que tout finit pour le mieux, mais pas dans le meilleur des mondes. Un bon point (encore) pour l'auteur.
Quelques reproches tout de même car il en faut bien. Les interventions sur Dani en début de livre sont un peu ennuyantes. Elles coupent le rythme de ce début de livre et, alors que nous mourrons d'envie de voir Mac aux prises avec la mort de Barrons, on est brutalement interrompu par ces focus sur Dani qui ne sont pas particulièrement passionnants. Je trouve aussi le personnage de Christian un peu trop délaissé. Pourtant, il y avait matière à s'y intéresser plus, mais à chaque fois où je me disais "ah on revient sur Christian, chouette !", on passait vite fait à autre chose... C'est dommage. Sa transformation en unseelie se fond dans le décor et on l'oublie peu à peu. Surtout qu'il n'y a pas l'air totalement guéri à la fin.
Bref, je suis sortie ravie de ma lecture, mais aussi bien évidemment avec un pincement au coeur. Ce n'est pas évident de se dire que l'on quitte les personnages que l'on a apprécié. Mais en même temps, je suis contente de voir un auteur capable de mettre fin à une histoire sans la faire durer sur des tomes et des tomes. C'est un gage de qualité pour le livre et un gage de sagesse pour l'auteur. Je préfère une série courte mais de qualité qu'une série qui s'étiole au fur et à mesure des tomes. (Cette petite conclusion est bien entendue une référence à Laurell K Hamilton et sa série des Anita Blake qui sombre dans la médiocrité. C'est triste de voir une série et un univers que l'on adore devenir un grand n'importe quoi.).
En tout cas, je vais rapidement mettre la main sur d'autres livres de Karen Marie Moning et j'attends avec impatience ses prochaines sorties, en espérant qu'elle nous propose de nouveau une intrigue et un univers aussi bien construit.