La Fée lit, regarde, joue et commente le tout.
Quatrième de couverture : Dès les premières heures à Manderley, somptueuse demeure
de l'ouest de l'Angleterre, le souvenir de celle qu'elle a remplacé s'impose à la jeune femme que vient d'épouser Maxim de Winter. Rebecca, morte noyée, continue d'exercer sur tous une influence
à la limite du morbide. La nouvelle madame de Winter, timide, effacée, inexpérimentée, se débat de son mieux contre l'angoisse qui l'envahit, mais la lutte contre le fantôme de Rebecca est par
trop inégale.
Daphné du Maurier, dans Rebecca, qui est sans doute le roman le plus caractéristique de son talent, fascine le lecteur et l'entraîne à la découverte d'inquiétantes réalités sans quitter le domaine familier de la vie quotidienne.
Avis : J'ai retrouvé ce livre lors d'un tri récent de mes livres et j'ai tout de suite eu envie de le chroniquer pour le défi lecture. Heureusement, il a été écrit en 1939 et rentre tout juste dans la limite pour la catégorie "Classiques". Ouf ! Je me souviens, quand une amie me l'avait offert il y a quelques années, que je n'avais pas du tout été emballé par le titre et la couverture austère. Cependant, je l'avais quand même lu pour faire plaisir à cette amie et j'avais été, à ma grande surprise, agréablement étonnée par ce livre.
L'héroïne rencontre à MonteCarlo Maxim de Winter alors qu'elle travaille comme dame de compagnie pour madame Van Hopper, une commère riche et snob qui aime frayer avec les grands noms de ce monde. Elle est intriguée par cet homme seul à l'air mélancolique qui a perdu sa femme il y a de cela 10 mois dans un terrible accident. Il en était fou amoureux et il n'arrive pas à se remettre de son décès. Des liens se nouent entre la jeune fille timide, maladroite et d'origine modeste et cet homme peu bavard et qui a deux fois son âge. Alors qu'elle s'apprête à devoir quitter MonteCarlo, il la demande en mariage, ce qu'elle accepte malgré les paroles peu amènes de madame Van Hopper.
Une fois leur lune de miel effectuée, Maxim ramène la nouvelle madame de Winter en son domaine en Angleterre, Manderley. Là, la jeune madame de Winter se rend compte que Rebecca, la précédente épouse, est partout : dans la décoration, dans le jardin, dans la pensée de tous. C'était une personnalité flamboyante et elle ne peut s'empêcher de se comparer à la défunte. L'atmosphère à Manderley est oppressante et la nouvelle madame de Winter peine à y trouver sa place entre son mari qui replonge dans sa mélancolie, les domestiques qui la comparent avec Rebecca et surtout avec madame Danvers, la gouvernante, qui adulait Rebecca...
Le livre est écrit à la première personne et raconté par la nouvelle madame de Winter, une jeune femme d'origine modeste de 21 ans. Nous n'apprendrons jamais son prénom et son nom de jeune fille, ce qui peut paraître un peu étrange au premier abord mais au final, ce n'est pas gênant pour le déroulement de l'histoire. L'écriture est agréable et les descriptions, pourtant assez nombreuses, sont agréables à lire car elles ne sont pas envahissantes. Nous suivons donc la nouvelle madame de Winter, jeune femme ayant épousé un homme ayant deux fois son âge et hanté par le décès de sa précédente femme. Une fois arrivée à Manderley, le manoir de Maxim, elle ne cesse de se heurter au fantôme de Rebecca, peinant à trouver sa place et souffrant de la comparaison entre elle et Rebecca, car elle sait parfaitement qu'elle n'a rien en commun avec elle.
L'atmosphère du livre, une fois arrivée à Manderley, est vraiment oppressante et on comprend facilement les tourments de la jeune femme qui se dévalorise sans cesse face à cette Rebecca contre qui elle ne peut pas lutter. On ressent son isolement, ses peurs, son impression d'inutilité et sa sensation d'avoir raté complètement son mariage. D'autant plus que madame Danvers, la gouvernante, ne cesse de ramener à la vie le fantôme de Rebecca, terrifiant voir piégeant la jeune femme (la scène du bal costumée est vraiment cruelle). La tension est vraiment palpable et on ne peut s'empêcher de ressentir de l'empathie pour cette jeune femme. Même les interventions de monsieur Crawley, homme de confiance de Maxim et Beatrice Lacy, la pétulante et franche soeur de Maxim n'arrivent pas à rassurer la jeune madame de Winter sur son couple et sa personne. De plus, Maxim, alors qu'il devrait tout faire pour mettre sa nouvelle femme en confiance, la laisse en proie à ses doutes tandis qu'il est de plus en plus taciturne. On ne peut pas dire que la communication soit le pilier de ce couple...
Au fil du livre, on arrive cependant à ressentir que ce beau souvenir de Rebecca cache quelque chose de plus sombre. C'est amené par petites touches qui nous font nous poser des questions et on commence à se demander si Rebecca était aussi parfaite que cela. C'est très léger et on finit uniquement par s'en rendre compte lors d'une révélation fracassante qui nous prend par surprise. On peut aussi complètement passer à côté de ces indices et la révélation est d'autant plus surprenante. A ma première lecture, je ne m'y attendais pas du tout et j'ai beaucoup aimé ce retournement de situation brutal. Autant le rythme avant cette révélation est plutôt lent, autant après cette révélation, le rythme de l'histoire s'accélère et l'attitude de certains personnages s'expliquent enfin. La tension cependant ne diminue pas bien qu'elle porte sur tout autre chose. On pourrait considérer que le roman ne se termine pas très bien, mais je considère cette fin comme un happy end ou les fantômes du passé ont finalement disparu et ne reviendront plus hanter le couple de Winter.
Un petit reproche cependant à ce livre, les premières pages ne sont pas évidentes à passer. On est dans un souvenir de la nouvelle madame de Winter, mais on vient juste d'ouvrir le livre, on ne connait pas du tout l'histoire et on a envie de commencer le livre à proprement parler, pas de vivre un souvenir confus d'un endroit qu'on ne connait pas encore. Cela perd le lecteur et personnellement, j'ai du mal à accrocher à ce genre d'introduction.
Rebecca est une lecture très rapide (300 et quelques pages) et passionnante malgré une introduction un peu difficile. On se laisse vite happer par le rythme lent et la tension qui émane du livre. De plus, l'histoire est surprenante. Un bon classique qui se lit bien.