La Fée lit, regarde, joue et commente le tout.
Quatrième de couverture : "Eh bien ! Monsieur, lui répondit-elle en se jetant à ses genoux, je vais vous faire un aveu que l'on a jamais fait à son mari... Il est
vrai que j'ai des raisons de m'éloigner de la Cour et que je veux éviter les périls où se trouvent quelquefois les personnes de mon âge. Conduisez-moi, ayez pitié de moi et aimez-moi encore si
vous le pouvez."
Mme de Clèves craint d'aimer M. de Nemours, l'un des fleurons de la Cour d'Henri II. Par l'aveu qu'elle en fait, elle rend son époux le plus malheureux des hommes et M. de Nemours, caché dans le jardin, le plus heureux. Or, elle n'aura aucun geste pour tuer l'un de désespoir et combler l'autre.
Dans une langue admirable de subtilité, Mme de La Fayette conte sa propre histoire, l'amour pathétique d'un mari pour sa femme et les incertitudes de celle-ci qui l'aime moins qu'elle ne le croit mais beaucoup plus qu'elle ne le sait.
Avis :Après le médecin malgré lui, je ressors, une nouvelle fois, une ancienne lecture d'école. Il faut dire que le livre a été présent assez récemment dans l'actualité suite aux propos d'un certain président (Tut tut ! Pas de politique sur ce blog la Fée ! Non mais j'explique...). Bref, après l'avoir retrouvé dans mes cartons, je me suis dit que ce serait une bonne idée de relire ce livre, qui ne m'avait guère enchantée lors de ma première lecture il y a de cela quelques années.
Le résumé du quatrième de couverture est plutôt explicite, je ne vais donc pas ajouter quoique ce soit. L'histoire en elle-même est d'une simplicité déroutante. Mme de Clèves est mariée à Mr de Clèves, qui l'aime. Mais Mme de Clèves ressent de l'inclinaison envers Mr de Nemours, inclinaison réciproque. Tout le livre tourne autour de ces trois protagonistes avec en toile de fond, la vie de la Cour avec ses dangers, ses commérages, ses complots et ses histoires d'amour.
Après relecture, je me suis dit au final que quand j'ai lu ce livre pour la première fois, je devais être trop jeune pour apprécier l'histoire. Je l'avais trouvé d'un ennui mortel et je m'interroge vraiment sur la pertinence de faire lire certains livres en cours de français. Je sais bien que c'est pour faire découvrir les classiques de la littérature française aux élèves, mais je me dis que cela fait plus de mal qu'autre chose la plupart du temps. Je connais beaucoup trop de personnes ayant été dégoutées de la lecture à cause d'une indigestion de classiques trop complexes ou trop peu passionnants à lire pour des pré ados et ados. Bref, ce n'est pas le débat, mais j'ai longtemps été faché avec la littérature dite classique suite à l'ingestion de certains livres au collège/lycée.
Le livre est court et particulièrement bien écrit. La langue est élégante et nous plongeons très facilement dans l'ambiance de la Cour d'Henri II. Cela reste romancé donc tout le monde est beau, bien fait et aimable dans cette cour, notamment Mme de Clèves et Mr de Nemours. Nous suivons Mme de Clèves dans ses démélées sentimentales tout en suivant des anecdotes de la Cour, toutes relatives à l'amour et ses excès (Nombre de ces anecdotes mettent en garde contre les émois de l'amour et la nécessité pour les femmes de rester vertueuses et fidèles à leurs époux)
Le jeu des regards, des interrogations des personnages est très important entre Mme de Clèves et Mr de Nemours. C'est sur de simples suppositions et sous entendus que ceux-ci se croyent aimé de l'autre. Jusqu'à la scène de l'aveu où Mme de Clèves avoue à son mari qu'elle a peur d'en aimer un autre, scène qu'entend Mr de Nemours qui est persuadé qu'elle parle de lui alors qu'elle ne le nomme pas.
Aussi bizarre que cela puisse paraître, le personnage qui m'a le plus attristé dans cette histoire, c'est Mr de Clèves. Il apprend par sa femme même qu'elle en aime un autre, sans le nommer, alors que lui est très amoureux de sa femme. Il essaye de faire bonne figure et voit l'aveu de sa femme comme une preuve d'amour (et de courage) mais finit par mourrir dévoré par la jalousie. Il ne méritait pas cela. J'ai trouvé Mme de Clèves presque cruelle à lui faire cet aveu en cherchant juste à soulager sa conscience. Mais finalement, Mme de Clèves restera fidèle à son mari jusqu'à la fin, sans rendre heureux Mr de Nemours. Pas de happy end pour les deux amoureux.
Finalement, j'ai beaucoup apprécié ce livre. Il y a tout de même quelques passages un peu longs mais la psychologie des personnages est bien détaillée et on se laisse emporter par le rythme lent de l'histoire. J'ai même eu de la sympathie pour Mme de Clèves qui essaye de rester l'épouse la plus vertueuse possible malgré ses doutes et je salue son courage d'avoir révéler à son époux son trouble : une grande preuve de courage mais aussi de confiance dans la réaction de son mari (Même si je l'ai trouvé aussi cruelle à ne pas au moins satisfaire sa curiosité et le laisser de faire dévorer par le doute et la jalousie). Je trouve du coup dommage de l'avoir lu trop tôt durant ma scolarité et d'en avoir été dégouté pendant de nombreuses années (ainsi que de trop nombreux livres).
Pour finir sur un total hors-sujet, mes meilleurs souvenirs de lecture de ma scolarité datent de la quatrième et troisième avec une prof de français qui nous faisait lire beaucoup de livres tous plus divers les uns que les autres (allant du roman d'aventure au drame) sans sombrer dans le total "classiques de la littérature française" Je vous rassure, fanatiques des classiques français, on en a lu aussi durant ces années, mais on a pu découvrir pleins de styles différents (et même du fantastique!) et élargir du coup notre vision de la lecture. J'aimais déjà beaucoup lire, mais je pense que cette prof était réellement passionnée, motivante et nous a permis de voir qu'il n'y a pas que les classiques dans la vie et que toute lecture est passionnante (Et puis, j'ai fini par lire de moi-même certains classiques et ai même apprécié la plupart de mes lectures. Je suis même une grande adepte d'Emile Zola. D'ailleurs, elle nous avait fait lire "Au bonheur des Dames" que j'avais adoré).